Le temple d'Anduze est l'un des plus grands de
France, construit entre 1820 et 1823 sur l'emplacement de la cour des Casernes.
Dès l'origine, la communauté protestante compte avec le soutien d'un orgue en
état de marche.
Construit à l'origine
par Théodore Puget, en 1848, il comportait alors 7 jeux sur un clavier manuel
et pédalier.
En
1958, il est' gravement endommagé par les inondations et Edmond Costa le restaure en
1960, le portant à 2 claviers et pédalier.
Sa
composition s'établit alors ainsi:
I
Grand Orgue
|
II
Récit
|
Pédalier
|
Montre
8
|
Flûte
8
|
Soubasse
|
Bourdon
en bois 8
|
Flûte
4
|
|
Prestant
4
|
Nazard
2 2/3
|
|
Plein
jeu IV
|
Doublette
2
|
|
Tierce
1 3/5
|
||
Trompette
8
|
Puis, entre 1989 et 1992, Bernard Raupp le
reconstruit. Il en étend la console, la soufflerie et le sommier, en utilisant
quelques éléments de l'orgue initial. Le buffet est étoffé d'un positif de dos
et mis en polychromie. Ces travaux ont été commandés par l'Association des Amis
de l'Orgue du temple d'Anduze qui, depuis 1987, se charge de son entretien.
La
restauration de M. Raupp a permis de réaliser un orgue "utilisé beaucoup
plus largement que pour son rôle cultuel et liturgique.
A
la faveur d'un relevage réalisé par la Manufacture Pierre
Saby (Saint- Uze, Drôme) en 2009/12010, une ré-harmonisation et une
modification de la composition est faite par Jean-François Dupont.
L'instrument est doté de 19 jeux sur 2 claviers
manuels et un pédalier.
1- Positif de dos
|
II
- Grand-Orgue
|
Pédalier
|
Bourdon
8
|
Montre
8
|
Soubasse 16
|
Prestant
4
|
Flûte
à cheminée 8
|
Principal 8
|
Doublette
2
|
Gemshorn
8
|
Douçaine 16
|
Sesquialtera
II
|
Prestant
4
|
|
Cymbale
III
|
Flûte
4
|
|
Régale
8
|
Rauschquinte
Il
|
|
Mixture
IV
|
||
Cornet
V
|
||
Trompette
8
|
Claviers de 56 notes,
pédalier de 30 notes. Combinaisons:
Accouplement I/ll Tirasses: I, II Tremblant: I
L'esthétique
choisie pour cet instrument s'inspire des orgues construits en Allemagne du
Nord, permettant de jouer dans de bonnes conditions les oeuvres de musiciens
comme Buxtehude, Bach, Bruhns, etc.
Ce
type d'instrument est basé sur un plenum vigoureux, qui se construit. sur les
seuls principaux (sauf ici au positif puisque le jeu de base est un bourdon 8).
II en résulte une sonorité claire, qui se suffit à elle-même. Rajouter des jeux
ne peux "qu'empâter" le son. A la limite, on peut rajouter le
gemshorn 8, mais les jeux de flûtes sont à proscrire. L'harmonie est faite dans
ce sens: inutile de surcharger les registrations on ne ferait que brouiller la
polyphonie et ....assourdir l'assistance ! Sur cette base, on peut colorer le
plénum de'la sesquialtera II du positif, composée de tuyaux de principaux, et
de la trompette 8 au grand-orgue, sombre et prompte dans la basse. Ainsi la
composition idéale et la suivante:
GO
: montre 8, (gemshorn 8), prestant 4, doublette 2, rauschquinte II, mixture IV,
(trompette 8)
POS
: bourdon 8, prestant 4, doublette 2, cymbale III, (sesquialtera li) P :
Soubasse 16, principal 8, (douçaine 16)
Accouplement
POS/GO, tirasse GO.
Les
jeux de flûtes sont colorés, et sonnent très bien seuls ou en accompagnement.
Dans l'orgue d'Anduze on peut aussi bénéficier du contraste entre le cornet
flûté et chaleureux du grand-argue en dialogue avec la sesquialtera du positif.
Le gemshorn 8 qui est légèrement "gambé", très suave, donne des
couleurs chaudes et calmes aux autres jeux de fonds et propose une alternative
intéressante aux mélanges 8-4.
L 'ensemble des 8 pieds des 2 claviers donne une sonorité
pleine et chaleureuse
Le
pédalier est constitué de ce qu'il y a de plus indispensable : une soubasse 16
profonde et à l'attaque prompte; et un principal 8 tranchant. Dans les mélanges
peu fournis, ces deux jeux suffisent à assurer les basses, le recours aux
tirasses devant se faire le tard possible.
Les
jeux d'anches sont représentés par l'indispensable trompette 8 dont l'harmonie
est typique des orgues allemands, loin de la clarté et du brillant triomphant
des anches françaises. Cette trompette et faite pour sonner en solo, ou se
mélanger au plénum pour le colorer, le modifier, à tel point qu'elle peut être
la base de construction de ce dernier à la place des fonds. C'est un jeu traité
comme le reste sans qu'il ait de prédominance ce qui fait la grande différence
avec les anches françaises faites pour sonner seules (c'est-à-dire sans les
fonds et les mixtures) ou par-dessus le plénum. Pour la musique française elle
manque de brillant et même associée au cornet elle ne reproduit pas l'effet du
grand jeu pour la littérature française. Ce mélange trouvera se place dans
certaines fugues, les anches ayant par nature des grandes qualités pour faire
ressortir la polyphonie.
La
régale du positif à la sonorité brillante et claire est particulièrement faite
pour sonner en solo, ou en coloration dans les mélanges solistes. Elle ne se
lie pas particulièrement au plénum.
Enfin
au pédalier une anche 16. Ici le choix d'une douçaine est particulièrement
judicieux. Dans un instrument de cette taille (19 jeux) il serait dommage de
mettre une posaune 16 (ou trombone) qui risquerait d'être immanquablement
envahissant dans les mélanges doux. La douçaine offre la possibilité d'être
utilisée sur des mélanges peu fournis sans écraser et de prendre de l'ampleur
au fur et à mesure qu'on ajoute des registres, jusqu'à parfaitement soutenir le
plénum augmenté de la sesquialtera et de la trompette.
En
conclusion, l'orgue d'Anduze est avant tout fait pour soutenir le chant des
chorals et donner la réponse à l'assemblée, par !es pages ornées des grands
compositeurs qui ont pris leur inspiration de ces chorals. II en résulte de
nombreuses possibilités de détails, un plénum nourrit et chantant pour
"préluder' et "postluder" avec une grande variété de couleur.
Malgré sa taille modeste (19 jeux), il est un très bon représentant de
l'esthétique "allemande". A chaque organiste de se laisser guider par
la poésie et la délicatesse de l'harmonisation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire